La notion de Mécanisme de défense



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Mécanismes de défense : Définition (d'après Larousse, dictionnaire de psychologie, N.Syllami, dictionnaire de psychanalyse, Fayard, E.Roudinesco): Mécanismes psychologiques dont la personne dispose pour diminuer l'angoisse née des conflits intérieurs dans la vie quotidienne, opération par laquelle un sujet confronté à une représentation insupportable la refoule, faute d'avoir les moyens de la relier (rationnellement), par un travail de pensée, à d'autres pensées.

Que sont les mécanismes de défense pour le système psychique?

Les mécanismes de défenses sont des activités (mentales) du Moi, par lequel celui-ci rejette hors de la conscience, ou refuse l'accès à la conscience, à des pulsions et désirs qui lui sont inacceptables. Dans le but de préserver l'intégrité psychique, le Moi met en place des mécanismes de défense (de véritables stratégies psychologiques) lui permettant d'éluder ou d'effacer la réalité de ces pulsions.

Mécanismes pathologiques et mécanismes sains

Ces défenses fonctionnent en continu, chez le sujet sain autant que chez le sujet malade : par exemple, elles permettent de conserver l'estime de soi face à un évènement qui remet en cause l'amour-propre, ou autre exemple, permettent d'affaiblir l'angoisse en déformant la perception de la réalité, de sorte qu'on pense avoir du contrôle sur cette réalité. L'adulte sain présente donc en lui différentes formes de défenses à des degrés divers mais non-pathologiques. Ce n'est que lorsque ces mécanismes deviennent trop rigides et, par leur exclusivité ou leur répétitivité aboutissant à une mauvaise adaptation à la réalité, engendrent finalement de la souffrance pour l'individu, que l'on parle de mécanismes pathologiques.

L'inacceptable, rejeté dans l'inconscient

Pour protéger le Moi, les défenses maintiennent dans l'inconscient ou transforment les pulsions. Une pulsion est composée d'une représentation (le sens, la signification) et d'un affect (une valence, négative, positive, agréable, etc...), les mécanismes de défense s'attaquent principalement à la représentation, transformant par exemple un désir de posséder l'autre en volonté de réaliser quelque chose qui impressionnera cet autre. Dans cet exemple, notons que l'acte conscient final ignore le désir profond qui se cache sous la volonté d'impressionner ou de faire plaisir à quelqu'un d'autre que soi - ce qui représente une pulsion peu acceptable.

La préservation de l'intégrité psychique

Les mécanismes de défense sont donc l'ensemble des options dont la finalité est de réduire ou de supprimer toute modification susceptible de mettre en danger, l'intégrité, la constance de l'individu. Selon Ionescu, ce sont des processus psychiques inconscients visant à réduire ou annuler les effets désagréables (dangers imaginaire ou réels) en remaniant les réalités internes ou externes. Les manifestations de ces mécanismes de défense peuvent être inconscientes ou conscientes.

Ce sont par exemple, les grimaces de l'élève qui imite le maître : en s'identifiant à ce dernier, il dédramatise la situation et maîtrise son anxiété, face à un Autre jugé comme dominant ou supérieur.

Il existe un grand nombre de mécanismes susceptibles de protéger le Moi contre les exigences des instincts et de réduire les tensions. S. Freud a, relativement tôt dans son œuvre, repéré de tels mécanismes, typiques selon lui, pour chaque affection psychogène : 
  • la conversion somatique pour l'hystérie
  • l'isolation, les formations réactionnelles pour la névrose obsessionnelle, 
  • la transposition de l'affect pour la phobie
  • la projection pour la paranoïa, etc. 
Tous, donc, n'ont pas la même valeur adaptative : la conversion somatique évacue l'angoisse à travers des symptômes physiques, l'introjection pallie le manque de l'objet du désir en s'appropriant des caractéristiques de cet objet... le refoulement, quant à lui, aura pour fonction de réprimer une tendance jugée dangereuse (agressivité, sexualité) et de la rejeter hors du champ de conscience. Dans l'œuvre de Freud, le refoulement possède un statut particulier : tout premier mécanisme de défense psychique mis en place, il institue l'inconscient et constitue le mécanisme de défense par excellence, sur lequel les autres se modèlent.

La défense pathologique 

Un mécanisme de défense devient pathologique lorsqu'au sein du système mental, il devient rigide et répétitif. Si d'ordinaire, le Moi emploie plusieurs mécanismes de défense de façon alternée et adaptée à la situation, un mécanisme utilisé trop souvent, exclusivement ou sans nécessité, peut rapidement devenir, non plus une solution de sauvegarde contre l'angoisse, mais une contrainte qui génère finalement l'angoisse par d'autres façons.

Ces défenses jouent plus ou moins consciemment, et dans leur ensemble, elles sont mises en jeu pour éviter les agressions internes des pulsions sexuelles, dont la satisfaction se révèle conflictuelle pour le sujet, ainsi que pour neutraliser l'angoisse qui en dérive*.

Sigmund Freud attribue au Moi l'origine de la défense, et dès lors ce concept renvoie nécessairement à toutes les difficultés liées à la définition du Moi. Les mécanismes de défense ne sont donc ni plus ni moins que la réponse mentale de chaque individu aux conflits intérieurs entre exigences instinctuelles et lois morales et sociales acquises au cours du développement.

* On notera cependant que dans "Inhibition, symptômes et angoisse" (1926), Freud, à partir notamment d'une réinterprétation de la phobie, a été conduit à privilégier "l'angoisse devant un danger réel", et à considérer comme dérivée "l'angoisse devant la pulsion". Par conséquent, on peut en déduire que les mécanismes de défense ne concernent pas seulement les pulsions sexuelles (internes) mais se mettent également en place pour faire face à d'autres pulsions (par exemple, de mort) et aux agressions externes. Cette omniprésence des mécanismes de défenses dans la réalité psychique en fait un concept phare, non seulement pour la psychanalyse, mais également pour la psychologie clinique et psychopathologique.

Freud, S. Inhibition, symptômes et angoisse 1951 (Fra) (Pages 99 et suivantes) 
Otto Fenickel, La théorie psychanalytique des névroses 1945 (Ang), 1953 (Fra) Paris P.U.F. 
Freud, A. Le MOI et les mécanismes de défense 1936 (Ang), 1949 (Fra) Paris P.U.F. 
Spitz, R Quelques prototypes précoces de défense du "MOI", Revue Fr. de psychanalyse, 28/02/1964.