Approche du développement - Margaret Mahler et Donald Winnicott



Tandis que Margaret Mahler axe sa réflexion sur la différenciation de l'enfant avec sa mère, Winnicott tente de définir les rôles et fonctions de la mère vis-à-vis du bébé en développement. Selon lui, il n'y a que par les soins maternels que le bébé peut se développer normalement.

Margaret Mahler

Selon Margaret Mahler, l'étape essentielle du développement du nourrisson à celui d'enfant, est la différenciation avec la mère, différenciation s'effectuant entre deux phases de l'être en développement.
  • Phase symbiotique : le nourrisson et la mère ne sont pas distincts, il y a fusion ; le bébé est dépendant de la mère, mais la relation est quelque peu réciproque, et la mère est quasi toujours là quand il le faut pour le bébé. Cela lui donne une impression de toute-puissance, car quand le bébé pleure, sa mère lui donne vite ce dont il a besoin. Cet état dure de 6 à 8 mois. 
  • Phase de séparation : entre le 8 et le 10ème mois, la relation fusionnelle évolue en une individualisation. Le bébé comprend que la mère est différente de lui, qu'il peut prendre l'initiative d'aller ou non vers la mère. Si elle est absente, il "sait" qu'elle va cependant revenir.
Donald Winnicott

Premièrement pédiatre, puis psychanalyste pour bébé, Donald Winnicott publie de nombreux travaux entre 1950 et 1970. Son approche inclut le facteur maternel comme élément vital (possédant ses propres caractéristiques intervenant dans le développement de l'enfant) : selon lui, un bébé tout seul ne peut pas exister, il n'y a que par les soins maternels qu'il peut se développer.

Il décrit ainsi la "préoccupation maternelle primaire", maladie normale qui apparaît chez la femme quelques semaines avant et après la fin de la grossesse, au cours de laquelle la mère semble disponible et sait comment répondre, et quand, aux sollicitations de son bébé, à ses besoins (c'est ce à quoi on se réfère lorsque l'on parle d'instinct maternel). Mère et enfant sont liés par un besoin relationnel de l'un envers l'autre.

Par la suite, la mère devient "suffisamment bonne", c'est-à-dire, ni excessivement, ni pas assez : pas toujours présente, mais très souvent. Si la mère s'adapte aux besoin de l'enfant, l'enfant, en contrepartie, s'adapte également aux comportements maternels : cette transition comportementale signe le passage pour l'enfant, du principe de plaisir, au principe de réalité.

La mère a dans ce cadre, trois fonctions principales :
  • Holding : soutien de l'enfant (psychique et physique)
  • Handling : manipulation avec le bébé, c'est de la satisfaction pour l'enfant.
  • Object presenting : présentation de l'objet, c'est la capacité qu'a la mère de mettre à disposition de l'enfant un objet physique ou psychique, au bon moment. Si c'est trop tôt, il n'y a plus de désir de la part de l'enfant, si c'est trop tard, il y a frustration, inhibition du désir et soumission à l'entourage. Lorsque les objets extérieurs, les sollicitations, les contacts, s’effectuent aux moments adéquats, le bébé va avoir l'impression de créer le monde environnant, d'y participer.
Winnicott est l'auteur qui introduisit la notion célèbre et reconnue, désormais, d'objet transitionnel (le doudou de l'enfant) : un objet transitionnel est un objet qui permet à l'enfant de se réconforter face au monde extérieur. L'objet transitionnel est à la fois son ami, lui-même, et une part agréable du monde extérieur : l'objet est à la limite entre dedans et dehors, il est très investi par l'enfant. Bien qu'externe en apparence, donc issus de l'environnement réel, cet objet, de par l'investissement de l'enfant, résiste à l'épreuve de réalité.