Le syndrome pariétal
Par Marlène FOUCHEY le samedi, décembre 1 2012, 09:09 - Déficits neuropsychologiques - Lien permanent
I.Anatomie – Physiologie
Le lobe pariétal est le lobe d’intégration de la sensibilité simple (exemple : sentir qu’on nous touche) et élaborée (élaboration du schéma corporel). Il traite les données recueillies par l’ensemble du corps relatives à la sensibilité.
Il est délimité en avant par la scissure centrale (scissure de Rolando) et en arrière par le sillon pariéto-occipital. La limite inférieure est constituée par la scissure latérale (sylvienne).
- Les aires primaires sont les aires 1, 2 et 3. Une lésion à ce niveau provoque des troubles sensitifs plus ou moins élémentaires.
- Les aires secondaires sont les aires 5 et 7. Une lésion à ce niveau provoque un déficit de la haute intégration des perceptions sensitivo-sensorielles. Elles sont situées dans le lobule pariétal supérieur où il y a un échange entre les différentes sensibilités
- Les aires tertiaires, autrement dit le cortex associatif est représenté par les aires 39 (gyrus angulaire ou pli courbe) et 40 (gyrus supra-marginal). Elles sont situées dans le lobule pariétal inférieur. Elles reçoivent des projections de l’aire somato-sensitives, du cortex associatif frontal et temporal et des structures sous-corticales (thalamus, striatum, mésencéphale, moelle épinière). Une lésion à ce niveau provoquent des déficits complexes dans plusieurs modalités sensitivo-sensorielles et des troubles des fonctions symboliques.
La vascularisation de la surface externe du lobe pariétal est assurée par l’artère cérébrale moyenne. La surface interne est irriguée par l’artère cérébrale antérieure.
II.Les troubles de la sensibilité discriminative
A.L’extinction (inattention sensitive)
Quand on touche les deux mains du patient hors de sa vue, il va répondre qu’on ne lui en touche qu’une, celle correspondant au coté sein. On parle de problème d’intégration de stimuli double.
Des formes similaires d’extinction peuvent être rencontrées lors des modalités visuelles ou auditives.
B.Le cercle de Weber
On met les deux pointes d’un compas sur une partie du corps du patient. On va regarder l’espace minimal où le patient sent deux points distincts. Dans le syndrome pariétal, la distance requise normalement pour la discrimination entre ces deux points est nettement augmentée dans l’hémicorps controlatéral à la lésion.
C.L’astéréognosie
L’astéréognosie désigne la difficulté d’identification des objets uniquement par le toucher. Cependant, sans pouvoir dénommer l’objet touché, certains patients peuvent en décrire sa matière, donner ses attributs…
D.La graphesthésie
Alors que le patient a les yeux bandés, l’expérimentateur dessine des lettres sur sa peau et lui demande de les reconnaitre. Dans le syndrome pariétal, cette tache est impossible.
III.Les troubles moteurs
A.L’ataxie pariétale
L’ataxie pariétale désigne un déficit de préhension des objets.
IV.Les troubles du schéma corporel
Le schéma corporel désigne un schéma conscient, structuré de la perception spatiale de notre propre corps ; ce schéma est élaboré grâce aux informations sensorielles (sensitives, visuelles, proprioceptives…) anciennes et nouvelles. Le lobe pariétal joue un rôle fondamental dans l’intégration complexe spatio-temporelle qui est à la base de notre image corporelle à la fois statique et cinétique.
A.L’hémiasomatognosie
L’hémiasomatognosie désigne la perte de la conscience de l’existence de la moitié du corps controlatéral à la lésion, que ce corps soit ou non paralysé.
Il existe une hémiasomatognosie consciente et une hémiasomatognosie non consciente (ou hémidépersonnalisation).
Elle peut notamment survenir en cas d’épilepsie localisée en pariétal droit.
Syndrome d’Alice au pays des merveilles : en cas de migraine, sensation de décuplement d’une partie du corps.
B.Le syndrome d’Anton Babinski
Le syndrome d’Anton Babinski est toujours consécutif à une lésion pariétale droite. Il s’agit d’une forme majeure d’hémiasomatognosie associée à une hémiplégie. Les patients ne sont pas conscients et dénient le fait d’être paralysés. Ce syndrome est souvent associé à une hémianesthésie.
Les patients atteints de ce syndrome peuvent présenter un comportement délirant vis-à-vis de l’hémicorps gauche allant jusqu’à taper, couper le coté paralysé qui les encombre.
C.Le syndrome de Gerstmann
Le syndrome de Gerstmann survient en cas de lésion pariétale du gyrus angulaire bilatérale. Il associe :
- Une agnosie digitale : ne plus savoir le nom de ses doigts
- Une agraphie spatiale sans alexie : mauvaise organisation spatiale de l’écriture mais les mots restent reconnaissables
- Une désorientation droite / gauche
- Un trouble du calcul spatial : difficultés à poser les opérations et trouble des règles arithmétiques
Pour en savoir plus, vous pouvez vous reporter à l’article suivant : le syndrome de Gerstmann
V.Les troubles visuo-spatiaux
Les troubles visuo-spatiaux pouvant être rencontrés en cas de lésions pariétales concernent la difficulté à évaluer la position du corps et des objets dans l’espace, la distance entre soi et les objets…
A.La négligence spatiale unilatérale
La négligence spatiale unilatérale survient en l’absence de déficit moteur, visuel ou de la sensibilité élémentaire.
Un article complet vous est proposé ici : La négligence visuelle ou héminégligence
B.Le syndrome de Balint
Le syndrome de Balint survient en cas d’atteinte pariéto-occipitale ou pariéto-temporale. Il comprend :
- Une ataxie optique : incapacité à ajuster un mouvement par rapport au regard. Elle peut être le signe inaugural d’une atrophie postérieure dégénérative.
VI.Les apraxies
A.L’apraxie idéatoire
Perte du schéma moteur.
B.L’apraxie idéomotrice
Conservation du schéma moteur mais exécution maladroite du geste.
Vous trouverez plus d’informations dans l’article suivant : Les apraxies gestuelles
VII.Les troubles du langage
Ils ne sont pas caractéristiques du syndrome pariétal.
Sources:
- Cours Master 2 de neuropsychologie, Université se Savois, Chambéry, 2006