Le Petit Robert définit l’émotion (du latin « ex-movere » qui signifie mouvement vers l’extérieur) comme un état affectif intense, caractérisé par une brusque perturbation physique et mentale où sont abolies, en présence de certaines excitations ou représentations très vives, les réactions appropriées d’adaptation à l’événement (au sens affaibli, on parle d’un état affectif, plaisir ou douleur, nettement prononcé). Damasio décrit l’émotion comme l’ensemble des réponses qui sont publiquement observables. Selon lui, un sentiment est l’expérience mentale et privée d’une émotion.

Une émotion est un mouvement, un changement par rapport à un état immobile initial.

Une émotion comprend des phénomènes physiques « dans tout le corps », en particulier notre cœur s’accélère. c’est la composante physiologique des émotions.

L’émotion agite aussi l’esprit, elle nous fait penser différemment ; c’est la composante cognitive des émotions. Elle trouble la raison ou au contraire la soutient.

L’émotion est une réaction à un événement.

Enfin, l’émotion nous prépare et souvent nous pousse à l’action ; c’est la composante comportementale de l’émotion. L’émotion est donc une réaction soudaine de tout notre organisme, avec des composantes physiologiques ( notre corps), cognitives (notre esprit) et comportementale (nos actions).

Les quatre grandes théories des émotions

La théorie évolutionniste

Devise : nous sommes émus parce que c’est dans nos gènes
Fondateur ou grand représentant : Charles Darwin
Conseil de vie : soyons attentifs aux émotions ; elles nous sont utiles.

La théorie physiologiste

Devise : nous sommes émus parce que notre corps est ému
Fondateur ou grand représentant : William James
Conseil de vie : contrôlons notre corps, nous contrôlerons nos émotions

La théorie cognitiviste

Devise : nous sommes émus parce que nous pensons
Fondateur ou grand représentant : Epictète
Conseil de vie : pensons différemment, nous contrôlerons nos émotions

La théorie culturaliste

Devise : nous sommes émus parce que c’est culturel
Fondateur ou grand représentant : Margaret Mead
Conseil de vie : soyons attentifs au milieu avant d’exprimer ou d’interpréter une émotion

Modèles cognitifs des émotions

Modèle général de la production d’une émotion

Situation

► Evaluation émotionnelle : attribution d’une signification émotionnelle à la situation où à une partie de celle-ci

► Tendance à l’action : l’organisme réagit immédiatement pour faire face au caractère émotionnel de la situation ; il se prépare à interagir avec son environnement

► Réponses physiologiques, comportementales et cognitives

► Sentiment subjectif : l’individu émotionné se sent dans un état différent.

Evaluation émotionnelle : modèle de Scherer

  • Etape 1 : évaluation de la nouveauté

« Ce qui se passe est-il familier, soudain, prévisible ? »

L’étape d’évaluation de la nouveauté détermine s’il y a des changements dans le pattern des stimulations tant internes qu’externes. En lien avec l’anxiété, la non prévisibilité perçue est un ingrédient essentiel dans le déclenchement de l’anxiété.

  • Etape 2 : évaluation de la nouveauté

« Ce qui se passe est-il positif ou négatif, attirant ou aversif ? »

Cette étape détermine si le stimulus ou l’événement en cours est plaisant (d’où un tendance à l’action d’approche) ou déplaisant ( d’où une tendance à l’action d’évitement ou de fuite). Cette évaluation peut être basée soit sur des caractéristiques innées du stimulus, soit sur des apprentissages.

  • Etape 3 : évaluation du rapport aux buts

Cette troisième étape établit si ce qui a été détecté est pertinent pour certains buts ou besoins de l’individu. d’après la théorie de l’autorégulation, les individus compareraient de manière automatique s’ils se rapprochent où s’ils s’éloignent des buts qu’ils poursuivent. Ces gradients de rapprochement ou d’éloignement par rapport aux but détermineraient la présence d’émotions positives ou négatives. Différentes sous étapes sont nécessaire à l’évaluation du rapport au but :

► sous étape d’évaluation de la pertinence de l’événement par rapport aux buts

► sous étape d’évaluation de la facilité pour atteindre le but

► sous étape d’évaluation d’urgence qui détermine avec qu’elle urgence une réponse comportementale est requise

► sous étape d’évaluation d’attente qui permet d’établir si le décours des choses est conforme ou non à l’état attendu à ce point de la séquence dans la poursuite du but.

  • Etape 4 : évaluation du potentiel de maîtrise

Etablir les ressources dont on dispose pour tirer parti au mieux de la situation, qu’elle facilite ou qu’elle vienne faire obstacle au but. Cela passe par l’attribution causale de la situation : attribuer la cause d’un événement à l’extérieur (autrui, hasard) peut donner un sentiment d’impuissance sur la situation en cours. Par contre, les attributions internes (l’événement est le fruit de nos actes) donne lieu à un meilleur sentiment de maîtrise. Il peut s’agir de la maîtrise de l’événement en lui même et/ou de ses conséquences.

Dans l’anxiété, la non contrôlabilité (perçue ou réelle) ou la perte de contrôle sont les éléments déclenchant le cycle de l’appréhension anxieuse. De même, un patient déprimé aura tendance à classer les événements défavorables comme « non contrôlables » et « causés par lui ». or les stoïciens comme Epictète nous le disent : « ce ne sont pas les événements qui affectent les hommes, mais l’idée qu’ils en ont ».

Dans cette étape, il s’agit également de déterminer ses capacités à changer où à éviter les conséquences de l’événement par la confrontation ou par la fuite.

C’est également l’étape de l’acceptation que, dans certaines circonstances de la vie, et en particulier face à ses émotions, vouloir lutter à tout prix contre le cours des choses peut être contre productif.

  • Etape 5 : évaluation de l’accord avec les normes

Déterminer si ce qui se passe est en accord avec les normes externes (normes sociales, conventions culturelles, attentes de personnes proches) et/ou internes (valeurs internalisées par la sujet qui font partie de l’image de lui, des idéaux vers lesquels il tend).

Exemple de la colère :

► nouveauté : cette émotion résulte généralement d’un événement évalué comme soudain, peu familier ou prévisible.

► valence : événement désagréable

► rapport aux buts : l’événement vient faire obstacle au but poursuivi, dont les conséquences sont vraisemblablement négatives et en contradiction avec nos attentes, face auquel il faut réagir immédiatement.

► Potentiel de maîtrise : l’événement est perpétué par autrui, intentionnellement dans une situation dans laquelle on se sent fort et sur laquelle on pense pouvoir exercer un certain contrôle.

► Accord avec les normes : événement en désaccord avec nos valeurs et celles de la société.

► COLERE

Les niveaux de traitement : théorie de Leventhal

  • Le niveau sensori-moteur

Ce niveau contient l’ensemble des programmes expressifs et moteurs innés afin de générer, en réponse à des stimuli spécifiques, des ensembles coordonnés de réponses expressives, physiologiques, comportementales et subjectives. Ils sont activés automatiquement. Chez le nouveau né, ce niveau serait le seul à être opérationnel. Très vite, cette base innée va servir de fondement à des apprentissages émotionnels qui vont constituer le niveau suivant.

  • Le niveau schématique

Il est constitué de représentations émotionnelles acquises, des schémas. Il s’agit de traces automatiquement encodées en mémoire, des éléments récurrents dans certains types d’expériences émotionnelles. Comme ils émanent d’apprentissages issus d’expériences personnelles, les schémas sont différents d’un individu à l’autre.

  • Le niveau propositionnel

Il comprend deux composants, un qui stocke l’information relative aux expériences passées et qui nous permet de parler de nos émotions et un qui élabore et qui contrôle les comportements émotionnels volontaires.